Gel, sécheresse, pluies violentes, maladies, orages, etc...
Depuis quelques années, le vignoble français, et même mondial, semble tributaire des "caprices" du climat.
Fait important : en 2023, la production mondiale de vin a été la plus faible depuis plus d’un demi-siècle.
En cause ?... Le réchauffement de la planète ? Mais alors quelles sont les solutions pour remédier à ces pertes de production constantes ? Des solutions mises en place par les vignerons, à l’évolution de l’encépagement, en passant par le goût du vin, je vous explique tout !
Les principaux facteurs climatiques en cause
Et si on parlait du gel ?
S'il a toujours sévi chaque année dans les vignobles, l'impact du gel est de plus en plus important.
Mais pourquoi ?
Le vrai souci est lié à l’avancée de plus en plus précoce de la vigne causée par les hausses de températures en février et mars. La vigne débourre de bonheur et le gel d’avril, et parfois même de mai, détruit les premiers bourgeons.
Y a-t-il de vraies solutions pour protéger la vigne du gel ?
Du côté des vignerons, certains testent des voiles d’hivernage qui protègent jusqu’à -5°. Cependant, cette technique n’est pas autorisée pour conserver l'appellation AOP.
En hiver, nous observons souvent en Bourgogne des milliers de braséros entre les vignes dont le rôle est d’augmenter la température de quelques degrés. Cependant cette technique est lente et moyennement efficace. Et surtout, elle se limite à traiter le problème en surface...
Dans le même objectif, les grands domaines bordelais vont jusqu'à survoler les vignes en hélicoptère afin de faire descendre les masses chaudes vers le sol !
Et la canicule... Quel impact sur les vignes ?
Les températures caniculaires ont pour conséquence de faire grimper le degré d'alcool du vin.
Mais pourquoi ?
Les hausses de température et la sécheresse font grimper la teneur en sucre du raisin et par conséquent le degré d’alcool du vin.
Comment résoudre le problème du degré d’alcool en hausse de 1% en moyenne tous les dix ans ?
Lors des étés caniculaires, la vigne souffre, et ce malgré sa tolérance au stress hydrique et thermique. Ces deux phénomènes augmentent les besoins en eau de 450 millimètres par an.
De plus, sous l’effet des hausses de température et de la baisse de la nébulosité, la vigne évapore plus d’eau du sol.
Alors, quelles solutions face au réchauffement de la planète ?
Il est possible de contrer ces effets avec l’agroécologie, qui consiste à restaurer la structure et la microbiologie des sols par le biais de l'utilisation des haies, des arbres et des végétaux. De cette manière, on rétablit les cycles d’eau.
Cépages : le grand changement ?
Le temps presse pour certaines régions !
La région Languedoc a été la première à se lancer dans de nouveaux cépages. Il faut dire que cette région est particulièrement en proie à la sécheresse. Ses vignes brûlent.
Résultat : les baies y sont petites et gorgées de sucre... Ce qui donne des vins très alcoolisés et manquant de fraîcheur !
D’après certaines projections climatiques, on y prévoit un climat semblable à celui de la Sicile d’ici 2030.
Face à ce constat, une seule solution : replanter dès maintenant. C’est urgent !
Quelques vignerons commencent à planter des cépages italiens ou grecs.
Il faut désormais penser ses vignes comme les espagnols ou les italiens ; en fonction du climat, donc.
2050 il sera trop tard...
Le seuil critique pour la vigne à l’heure actuelle se situe entre 2 et 3° de réchauffement moyen des températures. Il pourrait donc être menacé d’ici 2050.
La question n’est plus de savoir si le changement climatique va impacter le vignoble, mais plutôt de savoir à quel point...
Le goût du vin évolue…
Avec les nouvelles conditions climatiques, le pourcentage d’alcool du vin augmente et l’acidité diminue.
Le risque réel du réchauffement est d’aller vers des vins plus lourds, qui manquent de fraîcheur, avec des arômes de fruits confits/cuits.
Somme toute, des vins à l’opposé de ce que recherche actuellement le consommateur.
Ce phénomène pourra être contré en pratiquant un mode de conduite de la vigne adapté, c'est-à-dire en avançant la date de la récolte.
Par ailleurs, certaines techniques de vinification permettent d'ores-et-déjà de masquer cette sensation d’alcool en l'équilibrant avec plus de fraîcheur.
Du positif malgré tout pour certains vignobles...
Parmi les régions les mieux loties, je citerai en premier lieu la Loire ; une région qui était caractérisée à une époque par le manque de sucre dans ses baies.
Avec des terroirs de granite ou de schiste, les vignerons de la Loire pourront travailler la fraîcheur du vin avec beaucoup plus de maturité et d’intensité.
Par ailleurs, le muscadet va profiter de l’envolée des prix en Bourgogne et devenir un vignoble de renom avec des millésimes riches.
Les Bourgogne, hormis les années de gel, sont de plus en plus bons.
Le Pinot noir et le Chardonnay ne souffrent pas de la chaleur. Cependant, il faudra adapter la tenue de la vigne face aux autres aléas climatiques.
De la même façon, les régions comme la Savoie ou l’Auvergne pourraient également tirer leur épingle du jeu dans le contexte du réchauffement climatique.
En conclusion...
Le vin a encore un avenir, mais il faudra faire un choix cornélien entre le désir de préserver les valeurs ancestrales, malgré un risque de production affaiblie, et la nécessité de s’adapter avec de nouveaux cépages et des techniques adéquates.
Le sujet de l'impact du changement climatique sur les vignes vous intéresse ? N'hésitez pas à parcourir l'excellent article sur le sujet dans la Revue du Vin de France* !
*N°677 de février 2024
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